Errekaidorra Iratiko Bihotzean Au coeur d'Iraty 1/2

Errekaidorra  Iratiko Bihotzean Au coeur d'Iraty
Sentier d'interprétation 1/2.

En 2013, lors de ma visite aux Casas d'Iraty  et à la chapelle Elurrako Ama , notre Dame des Neiges d'Iraty, j'avais constaté les débuts des travaux d'aménagements d'un sentier d'interprétation . La passerelle sur le ruisseau IDORRA ( Erreka Idorra) était construite, les socles des panneaux explicatifs aussi et certains sites aussi ( charbonniere, etc ..) mais nous étions loin de son achèvement.
Une récente visite en famille avec de jeunes enfants m'a permis de faire en grande partie ce sentier d'interprétation.

2 points de départs possibles : le parking Paxula sur la piste pont d'orgate - col de Jaureguiko Lepoa


Nous avions décidé d'aller à las casas de iraty , et à la chapelle des neiges. Mais enfants n'étant pas trop motivés pour marcher, nous avons choisi plutôt que de faire la boucle totale , de faire un AR depuis le parking de Paxula.

Arrivés au parking, le panneau d'accueil du sentier d'interprétation était présent, et nous incita à s'y attarder.
Sur le panneau, on pouvait lire :

Bienvenue sur le sentier transfrontalier d'Errekaidorra à lraty. Ce sentier est le reflet de notre projet commun et la passerelle qui permet de traverser le ruisseau d`Errekaidorra symbolise les liens qui se tissent entre nos vallées depuis des
générations,

lraty était hier encore un lieu de vie intense basé sur l'utilisation des ressources forestières : le bois d'abord pour produire mâts et meubles, pour alimenter verrerie et autres fabriques, pour chauffer les habitations , les fruits de la forêt pour les troupeaux de brebis qui peuplent nos vallées depuis le néolithique et dont l'élevage,
l'une des premières ressources économiques a animé les premiers échanges transfrontaliers au travers des faceries. 

lraty c'est un espace géré par l'homme, lieu de mythes et légendes et qui abrite une diversité floristique et faunistique exceptionnelle. Vous découvrirez toutes ces activités qui continuent de faire battre le coeur d' Iraty aujourd'hui en parcourant le sentier d'interprètation d`Errekaidorra , ponctué de placettes  de musée à ciel  ouvert,

Iraty. un espace commun que les « Juntas de valles » de Salazar et d'Aezkoa, et les Commissions Syndicales de Soule et de Cize gèrent et développent aujourd'hui. Ce sentier transfrontalier est le fruit du projet mené conjointement par la Junta de Salazar et le Syndicat de Soule. Nous vous invitons à pénétrer  dans ce lieu caché, peu connu mais plein de vie: Iraty.

Distance totale 9830m
Déniveléé en montée ; 390 m
Durée de parcours : 2h30'
Durée pour aller aux casas de Irati :1 h

Sur le panneau , également présente une carte du sentier d'interprétation, avec explications trilingues.
( ce panneau est également présent au point de départ de las casas de Iraty)
Nous vous le présentons.


et nous voici partis vers las casas de Iraty, visitant les postes du sentier d'interprétation


1ere station : A : Cable aérien pour l'extraction du bois 1910 - 1970





derrière le poste , 2 panneaux explicatifs



Câbles I

Du côté français où les bois ne pouvaient être mobilisés grâce à la rivière, les câbles furent le principal système d'extraction. Les grandes exploitations modernes ne commencèrent qu'en 1927, lorsqu'elles furent rendues possibles par l'installation d'un grand câble.

Ce câble constituait une réelle prouesse technique , à une époque où ce genre d'installation était pourtant assez courant. Ses deux tronçons , de 6 et 13 km reliaient la scierie de Mendive depuis la frontière. Les troncs parcouraient ainsi une distance pouvant atteindre 19 kms et un dénivelé de plus de 1000m. Si l'on prend en compte les câbles secondaires, ramifications organisées en arêtes de poissons et servant à rassembler les bois vers la ligne principale, ce sont plus de 50 kms qui furent installés.

Ce câble qui reliait les villages de la vallée à un point de la frontière situé au plus profond de la forêt fut bien plus qu'un outil destiné à l'exploitation forestière. Il fut également utilisé lors du développement des premières activités touristiques dans les années 1930, comme moyen d'évasion par la résistance entre 1943 et 1945, ainsi que pour de nombreuses opérations de contrebande.

Du côté espagnol, l'apparition des câbles fut plus tardive et ils devinrent assez courants entre 1940 et 1970. Un total de près de 100 kms de câble fut installé sur l'ensemble de la forêt d'Iraty et il est encore possible d'apprécier leur empreinte su le paysage.




Câbles II

Le système de câble employé dans cette partie de la forêt d'Iraty
était connu sous le nom de tricâble et était constitué de deux gros câbles parallèles et statiques , les «porteurs» sur lesquels circulaient des chariots auxquels étaient suspendus les bois.

Un troisième câble ,le «tracteur», formait une boucle fermée et servait à la traction des charriots qui y étaient fixés. La traction était assurée par un moteur ou, lorsque la pente le permettait, par le propre poids des charriots chargés de troncs qui circulaient sur l'un des porteurs , les chariots vides remontant sur l'autre.

A chacune des extrémités , d'imposantes structures maintenaient les câbles tendus et servaient de support aux roues du câble tracteur. Tout au long du parcours , de grands pylônes permettaient d'éviter que les charriots et les bois qu'ils transportaient ne touchent le sol.

Le tronçon de 13 kms du câble principal d'Iraty pouvait transporter en même temps jusqu'à 22 chariots chargés chacun avec plus d'une tonne de bois . La vitesse du câble était très lente , comparable à un rythme de marche à pied , et il fallait environ trois heures pour parcourir l'ensemble du trajet vers la scierie.

Ici, vous pouvez voir une réplique à l'échelle 1/2 ( soit à la moitié de sa taille originale) de la station «terminus» située originellement à la frontière ainsi que d'un pylône .
Vous trouverez également y des pièces et câbles originaux, abandonnés après l'arrêt des travaux en 1953. En tout , ce sont plus de 200 000 tonnes de bois qui passèrent par cette structure.

Ensuite nous passons près de la borne frontière, traversons la nouvelle passerelle d'Errekaidorra construite dans le cadre de ce sentier d'interprétation. Ensuite nous somme remontés parles lacets du nouveau sentier et avons rejoint , près d'un panneau explicatif , la piste d'Erreka Idorra.


 le thème du panneau était : Irati , le printemps et l'été.



Irati , printemps été.

La forêt commence un nouveau cycle de vie . le soleil gagne de la hauteur au dessus de l'horizon, les jours rallongent et l'atmosphère se réchauffe. Les fortes pluies laissent place progressivement à des journées de ciel dégagé. La neige recule lentement vers le sommet de l'ORI, sentinelle de la région. Le dégel maintient les débits de la Nive, l' Urbeltza et l' Urtxuria à des niveaux élevés . Au début de l'été, ces deux dernières rivières diminueront en montrant la pierre nue de leurs lits.

Les êtres vivants sortent lentement de leur hibernation. Dans l'épaisseur , des plantes herbacées comme l'Oxalis des bois ou l'Anémone fleuriront avant que les feuilles des hêtres ne poussent . Dès le mois de mai, celles-ci capteront environ 80%  de la lumière incidente et plongeront la forêt dans la pénombre.

Les mammifères comme la Martre ou le Loir gris caractéristique , et les oiseaux forestiers comme le Pic noir permettront enfin à leurs petits de sortir de leurs tanières et de leurs nids.

La chaleur des longues journées de juillet contraste avec la fraîcheur matinale en montagne.

Le réchauffement du sol déclenche la prolifération d'insectes, d'arachnides et de mollusques. L'un d'eux, la Loche des hêtres se laisse voir la nuit ou les jours de pluie sur les troncs pour s'alimenter des lichens qui recouvrent l'écorce.
 
  La chaleur du soleil active les cycles de vie des reptiles et amphibiens. Tandis que les premiers sortent de leur coquille et exposent leurs corps au soleil sur les pierres, les amphibiens comme le Crapaud accoucheur effectuent leurs pontes et les couvent jusqu'à l'éclosion abrités dans l'épaisseur de la forêt, sous un tronc ou parmi les feuilles mortes.
 
  Le forêt de hêtres reprend de la vigueur et repousse , augmentant sa biomasse. De mai à octobre, le vert sera la couleur dominante de la forêt.
 
  La repousse des graminées et légumineuses coïncide avec le retour de la transhumance : le bétail quitte les vallées et monte dans les prairies d'altitude . Chevaux, vaches et troupeaux de brebis vont partager les vastes pâturages d' Iraty à Abodi , Iropil , Azpegi ou Ezkanda . Le parcage fertilise les sols en favorisant les pâtures marquées par une riche diversité des espèces, très nutritives , qui donnent une excellente production de lait de brebis. Grâce à celles-ci, les bergers produisent des fromages de qualité supérieure dans leurs bergeries et cabanes d'alpage , lieu de résidence estivale.
 
  Au printemps et en été, de nombreux alpinistes , promeneurs ou cyclistes VTT sillonnent la région en empruntant son vaste réseau de pistes et de sentiers balisés. Canne en main, les pêcheurs parcourent les tronçons de rivière réservées à la pêche , en appréciant la bonne conservation de l'écosysteme fluvial.

Nous continuons notre descente vers las Casas de Irati par la piste.
Bientôt nous nous trouvons en pleine zone d'exploitation foretiere. Un camion sera là pour charger du bois.
En faisant attentions aux engins et à la boue, nous poursuivons en arrivons à une nouveau panneau : Irati en automne.




 Irati , l'automne

 Les jours raccourcissent et le soleil descend, l'atmosphère se refroidit autour d'Iraty.
  
 Les vents océaniques s'accompagnent de fortes pluies et l'air devient plus frais et humide. Des épisodes intercalés de vent du sud et de l'effet de Foehn réserveront encore quelques journées ensoleillées et chaudes.
  
Les hêtres se préparent à supporter la longue pause hivernale. Les feuilles perdent leur couleur verte et se teintent de jaune et d'ocre, opérant un changement spectaculaire du paysage . En Novembre, les feuilles commencent à tomber et jonchent le sol de la forêt de hêtres.

Pendant ce temps , la forêt plonge progressivement dans le silence. Les trilles des pinsons des arbres (Fringilla coelebs), des sittelles torchepots ( Sitta europea) ou des piverts se sont éteints depuis l'été. Les mugissements des cerfs retentissent à présent lors du brame.

Insectes, mollusques et arachnides complètent leur cycle de vie . Après les copulations, ils réalisent leurs pontes et garantissent ainsi la survie.
  
Les fruits des arbres et arbustes poussent : les faines nutritives , ainsi que les baies des sorbiers, houx, et aubépines sont à la disposition de la faune forestière . Ils constitueront une ressource vitale pour affronter les rigueurs de l'hiver.

Les champignons poussent également parmi les feuilles mortes : bolets, russules ou amanites. Ce sont les corps fructifères des champignons au sol, éléments indispensables à la forêt. Leurs hyphes ou thalles filamenteux vivent cachés dans le terreau en symbiose avec les racines des arbres et arbustes.
  
 Les ciels d' Iraty sont sillonnés de millions d'oiseaux migrateurs qui se déplacent vers le sud, dans leurs refuges d'hiver.  Une bonne partie des oiseaux migrateurs d'Europe de l'Ouest choisissent les coteaux d'Iraty pour franchir les Pyrénées. Le col Bagargui est un lieu privilégié pour l'observation.
Les grues , oies et cigognes volent haut dans le ciel , dessinant des lettres entre les nuages.  Les milans et bondrées apivores passent en groupe, tandis que les grives et autres passériformes frôlent les arbres. Ce sont des jours d'activité de chasse dans les coteaux. Derrière leurs parapets au sol ou juchés sur leur arbres , les chasseurs attendent l'arrivée des grandes bandes de pigeons ramiers. Le vent du sud les oblige à voler bas, passant à portée de tir.
  
En octobre les troupeaux de brebis quittent les prairies de montagne , avec leurs bergeries et cabanes de bergers , pour descendre dans les vallées. Vaches et chevaux le feront à leur tour dès les premières neiges , plus tard en automne . Les bordes éteignent leurs cheminées jusqu'à l'année suivante. En contraste avec ce départ, les visiteurs continuent d'affluer , attirés par la transformation magique des couleurs, l'odeur des feuilles mortes humides, le charme du brouilard attrapé entre les cimes des arbres font de l'automne une des meilleures saisons de l'année pour se promener dans l'épaisseur d'Iraty.



 Nous continuons notre chemin. Nous voici près du panneau sur Iraty l'hiver.



 Irati , l'hiver

Les jours sont très courts et le soleil parvient à peine à dépasser les sommets d'Abodi. Les ravins et ruisseaux plongent dans la pénombre. Les fronts nuageux des tempêtes atlantiques donnent des précipitations abondantes et alternent avec des vagues de froid polaire qui tapissent de neige les cimes et coteaux.

Attirés par le manteau blanc , les skieurs de fond et les randonneurs en raquettes partent de Chalets d'Iraty et de Pikatua, émaillant les sentiers enneigés de couleurs vives. Lors de leurs traversées, ils franchissent la crête d'Abodi ou font le tour des sommets de  Xardeka, Bizkarze ou Escaliers, en attaquant l'Ori quand les conditions le permettent. La saison est idéale pour échapper à la vie urbaine particulièrement stressante.

Alors que les sapins résistent aux rigueurs du climat grâce à leurs feuilles aciculaires couvertes de cire, la plupart des hêtres ont perdus les leurs. Seuls les plus jeunes gardent leurs feuilles sèches sur les branches pour protéger les bourgeons. Quant aux autres, les bourgeons pointus encapsulés entre les bractées leurs suffisent pour protéger les nouvelles feuilles qui attendent l'arrivée du printemps.

Le silence s'empare de la forêt nue. Chevreuils et sangliers grattent les écorces des arbres et fouillent le sol en quête de tubercules ou d'invertébrés. Leurs empreintes dans la boue ou la neige trahissent leur présence.

D'autres mammifères se réfugient dans des tanières , dans les cavités des vieux troncs d'arbres ou entre les pierres, où ils veillent sur leurs petits . Certains , comme le Loir gris , hibernent en ralentissant leur métabolisme. Le Martre ( Martres martes) fera cependant de petites incursions dans la forêt pour se réalimenter.

Dans le terreau profond qui compose la couche supérieure du sol, la plupart des invertébrés forestiers passent inaperçus . Ils survivent à la rigueur de l'hiver au stade d' oeuf ou de larve.

Des petits passereaux comme les roitelets huppés ( Regulus regulus) , les mésanges charbonnières ( Parus Major) et les mésanges nonnettes ( Poecile palustris), les pinsons des arbres ( Fringilla coelebs) ou les bouvreuils ponceaux errent en groupes mixtes dans la forêt en quête de graines parmi les feuilles mortes ou un invertébré sous l'écorce des troncs. Les chants du Pic noir ( Dryocopus martius) et de la Chouette hulotte ( Strix aluco) , ainsi que la floraison précoce de quelque herbacées comme la Dent-de-chien annonceront la fin de la saison.

Le bétail pâture dans les vallées au coeur des fermes et villages. Les troupeaux de brebis Rasa de la Vallée de Salazar émigrent pendant plusieurs mois aux Bardenas, au sud de la Navarre , tandis que les troupeaux de brebis Manex partent en quête des près verts de Cize et de Soule.




Decauville

L'utilisation de voies ferrées pour l'exploitation forestière , généralement des voies Decauville , fut une pratique très répandue entre 1870 et 1950. Il s'agissait de voies légères et démontables qui pouvaient être installées facilement et permettaient d'augmenter considérablement la productivité des travaux de mobilisation des bois avant l'apparition des câbles et camions.

Ce système ne fut que peu employé en Iraty, d'une part parce que le relief ne le permettait pas et d'autre part car les autorités militaires espagnoles n'autorisaient pas la création de grand réseau. dans une zone frontalière de peur qu'ils ne facilitent les invasions de ce qu'elles considéraient alors comme «l'ennemi potentiel».
Il fut donc employé que dans certains vallons où circulait peu d'eau et où la traction animale était extrêmement difficile. Aucune locomotive ne circulait sur ces voies , seulement des plateformes rudimentaires qui descendaient grâce à la gravité ou tirées par des chevaux.

Ce type de voie fut employé dans cette vallée aux alentours de 1920. La voie ne débouchait pas directement sur la rivière Urbeltza, mais déviait à mi-pente en direction d'une clairière où les bois étaient entreposés jusqu'à ce qu'ils sèchent et soient préparés en vue de leur flottaisons ( photo de la zone en 1931).



Après le site de la voie ferrée Decauville, nous poursuivons et aboutissons aux casas de Iraty et à la «chapelle des Neiges d'Iraty Iratiko Elurako Ama ».
Nous ne manquerons pas d'aller lui rendre visite avant de redescendre vers le pont, le parking et la zone de piquenique .

Le site a beaucoup changé depuis quelques années. Les « Casas d'Iraty» en mauvaises état ont été restaurées et nous avons un magnifique bâtiment faisant office de bar-resto , avec un espace jeu pour les enfants.
Au bas, un parking aménagé, un lieu de piquenique avec eau et possibilité de faire des grillages, une maisonnette pour bureaux des gardiens.




Restaurons nous quelque peu avant de faire demi-tour et poursuivre sur le sentier d'interprétation Errekaidorra.


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